Malgré les avancées thérapeutiques, les neutropénies chimio-induites restent l’une des principales complications de la chimiothérapie. Lorsqu’elles deviennent fébriles, les neutropénies peuvent être responsables d’un accroissement des morbidités, de la mortalité à court comme à long terme et de surcoûts.(1-3)
Cet article propose de rappeler les enjeux des neutropénies fébriles, leur prophylaxie primaire ou secondaire et leur prise en charge.
Les neutropénies fébriles (NF) touchent jusqu’à 11,7 % des patients traités par chimiothérapie, tout cancer confondu.(1) Elles peuvent entrainer :
La NF peut engendrer jusqu’à deux fois plus de mortalité post-chimiothérapie. Ce risque est corrélé notamment au délai d’apparition d’une NF après chimiothérapie : plus celui-ci est court et plus le risque de décès est important. Ainsi, il est maximal entre J0 et J30.
L’augmentation de la mortalité associée aux neutropénies fébriles peut s’expliquer par 3 facteurs :
- La mortalité immédiate liée aux infections opportunistes,
- La limitation des résultats de la chimiothérapie due aux retards ou réductions de doses effectuées,
- L’atteinte potentielle d’organes.
Le risque de développer une neutropénie fébrile étant maximal au cours du premier cycle de chimiothérapie, la prophylaxie primaire est à privilégier lorsqu’elle est indiquée.(3)
La mise en place d’une prophylaxie primaire par facteurs de croissance (ou G-CSF pour Granulocyte-Colony Stimulating Factor) peut être recommandée en fonction du risque identifié de développer une NF.
L’ESMO, l’EORTC et le NCCN se rejoignent sur les recommandations suivantes :(3,6)
- Une prophylaxie primaire est indiquée pour les patients dits à haut risque, c’est-à-dire ceux pour qui l’incidence attendue de neutropénies fébriles est supérieure ou égale à 20 %.
- Elle peut être indiquée chez les patients à risque intermédiaire, soit les patients dont le risque de développer une neutropénie fébrile est estimé entre 10 et 20 %, selon les comorbidités associées (se référer à l’algorithme de l’EORTC 2010).
- La prophylaxie primaire n’est pas indiquée de façon systématique, chez les patients naïfs à la chimiothérapie qui ont une probabilité faible de développer une neutropénie fébrile (inférieure à 10 %).