
Régimes amaigrissants : faisons le point
Difficile de s’y retrouver parmi les plus de 1000 régimes développés pour répondre à l’envie des patients de mieux maîtriser leur alimentation(1). Chaque nouveau régime amincissant se démarque par une nouvelle technique ou approche : supprimer les glucides, supprimer les lipides, supprimer les deux et surconsommer des protéines, manger du fromage seulement le matin et du poisson, le soir, pas de féculents au dîner…
Or, la réduction de l’apport énergétique global (2,3) est un mécanisme essentiel permettant de maigrir. Comment aider vos patients à y voir plus clair et à vivre sainement ?
Le long terme : vrai défi des régimes
À court terme, en général, les régimes permettent de perdre du poids. Néanmoins, cette perte de poids n’est pas maintenue dans le temps(4) : la reprise pondérale concerne 80 % des personnes à 1 an et augmente à long terme(5).
Régimes : attention aux écueils
Le premier risque des régimes est la prise de poids : la restriction alimentaire imposée par les régimes favorise le développement de mécanismes de compensation(6), de compulsions alimentaires(7) et les grignotages émotionnels(8). C’est ainsi que se construisent les fluctuations pondérales : une alternance de perte de poids, avec des régimes et de reprise de poids de plus en plus importantes, hors des périodes de restriction.
Les régimes hypocaloriques brûlent des graisses, mais ils entraînent aussi systématiquement une perte de masse musculaire, même si le régime est associé à de l’activité physique(5). La reprise de poids, elle, consiste principalement en une reprise de masse graisseuse. Or, la réduction de la masse musculaire joue un rôle majeur dans la diminution du métabolisme de base observée après restriction calorique(5) et dans le cercle vicieux de la reprise de poids.
Les régimes entraînent aussi des risques de carences : en fer, calcium, magnésium… Et une perte de capital osseux particulièrement préoccupante chez les femmes ménopausées. Les régimes très hypocaloriques peuvent engendrer des anomalies au niveau du foie(5). Chez l’adolescent(e), on peut observer un arrêt de la croissance, des troubles des règles(5). La plupart des anorexies mentales ont commencé avec un « petit régime »(9).
Existe-t-il des façons plus efficaces et moins dangereuses de perdre du poids ?
Perdre du poids est en théorie très simple : il suffit d’ingérer moins d’énergie que l’on en dépense. Il existe, dans l’organisme, un système à la fois très simple et très perfectionné qui régule naturellement le poids et la masse graisseuse, assurant ainsi leur stabilité(5).
Par le biais des sensations alimentaires de faim et de rassasiement, l’organisme indique s’il a besoin de carburant et quand il n’en a plus besoin. S’alimenter sainement et en quantité raisonnable ne nécessite ainsi aucune méthode particulière. Le comportement alimentaire est simplement dicté par les sensations alimentaires : faim et satiété.
Mais l’alimentation comporte aussi une dimension hédonique, se rapportant aux émotions, au plaisir et à la convivialité(5,6). Les personnes en surpoids privilégient cette dimension hédonique ou émotionnelle et mangent ainsi sans faim et/ou au-delà de leur satiété.
Ainsi, plutôt que de s’affamer et de se priver de tous les aliments que l’on aime, il est préférable de s’engager dans un changement réfléchi, modéré et tenable à long terme, tenant compte des préférences et du mode de vie de chacun(3) tout en suivant ces conseils :
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Pratiquer régulièrement de l’activité physique ou sportive (5), qui maintient voire développe la masse musculaire, augmente la dépense énergétique et a un effet favorable sur le stress et les états émotionnels (10). |
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Manger lentement en mastiquant chaque bouchée, réduisant ainsi les quantités alimentaires (11). |
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Réduire les portions (1), quitte à devoir faire attention à celles qu’on ne maîtrise pas soi-même (cantines, restaurants, menus…). |
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Adapter ses repas au niveau de faim, s’arrêter lorsque l’on est rassasié (12). |
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Apprendre à gérer ses émotions (stress, ennui, tristesse, contrariété…) autrement qu’avec des aliments : relaxation, méditation, loisirs, activités artistiques, yoga, sport… (13). |
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Ne consommer qu’occasionnellement des boissons sucrées ou alcoolisées, des friandises ou des bonbons (14). |
Quelle que soit la méthode, dans un environnement moderne favorisant la sédentarité et offrant des tentations alimentaires omniprésentes, perdre du poids nécessite une certaine dose de self-control.
Dans le cas des régimes, un certain nombre de règles ont pour but de limiter ou d’exclure certains aliments, et, de fait, créer une frustration(15). Les régimes amaigrissants séduisent de par la rapidité du résultat promis mais tout l'enjeu réside dans la « période de stabilisation » et la capacité du patient à suivre ces limitations à long terme(15).
Modifier avec souplesse son mode de vie, sans exclure d’aliments, en réduisant les portions, en améliorant si besoin son équilibre alimentaire et en respectant ses sensations de faim et de satiété, tout en pratiquant une activité physique ou sportive régulière, demande des efforts plus modestes et plus soutenables à long terme. Mais changer ses habitudes reste un effort qui demande engagement, motivation et acceptation d’un résultat plus progressif mais aussi plus durable.
Perdre du poids consiste à changer ses habitudes en mangeant moins et en bougeant plus. Une réalité physiologique souvent minimisée par les programmes de régimes.
Que dire à un patient qui veut faire ou qui a déjà commencé un régime amaigrissant ?
Les promesses des régimes sont séduisantes, et l’effort à long terme d’un équilibre alimentaire sain n’est parfois pas favorisé par les patients. Afin de faire prendre conscience aux patients des risques, pour la santé, d’un régime excluant et des difficultés à le tenir dans la durée, il convient d’ouvrir le dialogue, sans jugement, en laissant le patient prendre conscience des contradictions propres au principe du régime excluant, sur le modèle de l’entretien motivationnel(16,17).
Inclure le patient dans le processus de choix d’une hygiène de vie saine peut passer par des questions visant à confronter son expérience personnelle aux résultats qu’il souhaite atteindre par ce régime. Favoriser la prise de conscience des effets négatifs des régimes est la première étape d’un parcours de soin aboutissant à un équilibre alimentaire sans se mettre en danger.
Objectifs de l’entretien motivationnel(17) :
• soutenir un désir de changement ;
• comprendre et gérer les processus de changement, l’ambivalence (indécisions qui accompagnent les doutes sur le caractère souhaitable ou faisable d’un changement), la résistance ;
• reconnaître, susciter, soutenir les désirs de changement ;
• augmenter la motivation au changement ;
• augmenter ses capacités d’écoute active, d’empathie ;
• influencer favorablement le résultat de conseils ou de prescriptions.
Références :
1. Matarese LE, Pories WJ. Adult Weight Loss Diets: Metabolic Effects and Outcomes. Nutr Clin Pract. 2014 Dec;29(6):759-67.
2. Sacks FM, Bray GA, Carey VJ et al. Comparison of weight-loss diets with different compositions of fat, protein, and carbohydrates. N Engl J Med. 2009 Feb 26;360(9):859-73.
3. Blackburn GL, Phillips JC, Morreale S. Physician's guide to popular low-carbohydrate weight-loss diets. Cleve Clin J Med. 2001 Sep;68(9):761, 765-6, 768-9, 773-4.
4. Rolland C, Johnston KL, Lula S et al. Long-term weight loss maintenance and management following a VLCD: a 3-year outcome. Int J Clin Pract. 2014 Mar;68(3):379-87. .
5. ANSES. Évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement. Rapport d’expertise collective. Novembre 2010.
6. Richard D. Comprendre les mécanismes de la régulation pondérale pour mieux traiter l’obésité. Résumé de la conférence : la régulation du poids corporel dans l’obésité, présentée à Montréal dans le cadre des activités d’éducation du Réseau canadien en obésité. Juin 2006. Le clinicien. Septembre 2007. pp 79-84.
7. Polivy J. Psychological consequences of food restriction. J Am Diet Assoc. 1996 Jun;96(6):589-92.
8. Evers C, Dingemans A, Junghans AF et al. Feeling bad or feeling good, does emotion affect your consumption of food? A meta-analysis of the experimental evidence. Neurosci Biobehav Rev. 2018 May 31;92:195-208..
9. INSERM. Anorexie mentale. 13 Juin 2014.
https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/anorexie-mentale
10. M. Gaspar de Matos, L. Calmeiro, D. da Fonseca. Effet de l’activité physique sur l’anxiété et la dépression. (2009) La Presse Médicale 2009 ;38(5) :734-39.
11. Robinson E, Almiron-Roig E, Rutters F et al. A systematic review and meta-analysis examining the effect of eating rate on energy intake and hunger. Am J Clin Nutr. 2014 Jul;100(1):123-51.
12. Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids. Le rôle de la dégustation dans la régulation alimentaire. 19 Novembre 2015.
https://www.gros.org/le-role-de-la-degustation-dans-la-regulation-alimentaire Site consulté le 16/07/2018.
13. Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids. Progresser sur le plan psychologique. 19 Novembre 2015.
https://www.gros.org/progresser-sur-le-plan-psychologique Site consulté le 16/07/2018.
14. MangerBouger.fr. Équilibrer et varier son alimentation.
http://www.mangerbouger.fr/Manger-Mieux/Que-veut-dire-bien-manger/Equilibrer-et-varier-son-alimentation Site consulté le 16/07/2018.
15. Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids. Que penser des régimes amaigrissants ? 19 Novembre 2015.
https://www.gros.org/que-penser-des-regimes-amaigrissants Site consulté le 16/07/2018.
16. Association francophone de diffusion de l'entretien motivationnel. Mis à jour le 9 juillet 2017
https://www.afdem.org/entretienmotivationnel Site consulté le 16/07/2018.
17. HAS. Mémo. Entretien motivationnel. Octobre 2008.
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