
Biopsie liquide : une nouvelle forme de dépistage et de suivi des cancers ?
Diagnostiquer un cancer à un stade tellement précoce qu’aucune tumeur détectable n’aurait encore pu se développer, administrer un traitement ciblé et suivre son efficacité, anticiper les rechutes, tout cela avec une simple prise de sang(1)… Si la biopsie liquide est encore du domaine de la recherche, elle fait l’objet de protocoles qui ont déjà débouché sur des applications cliniques validées et pourraient en produire d’autres dans un futur pas si lointain. Quel est le futur du dépistage cancéreux ? Vers quoi pourraient évoluer vos pratiques ?
Qu’est-ce que la biopsie liquide ?
La biopsie liquide consiste en une simple prise de sang ou, plus rarement, un prélèvement de tout autre liquide corporel facilement accessible : urine, sperme, salive…(1).
Sa spécificité réside dans les analyses qui sont effectuées sur ce prélèvement : la recherche de biomarqueurs circulants, autrement dit, des traces du cancer présentes dans la circulation sanguine ou dans les fluides corporels. Il peut s’agir de fragments d’ADN ou d’ARN tumoral circulants, voire même de quelques cellules tumorales entières(2). Quand des cellules cancéreuses commencent à se multiplier quelque part dans l’organisme, certaines meurent et se désagrègent, libérant ainsi dans le flux sanguin de l’ADN tumoral circulant, ou ADNtc(3). Les cellules tumorales circulantes (CTC), elles, se libèrent des tumeurs solides (du sein, du poumon, du colon, etc., par opposition aux cancers du sang) lorsque celles-ci commencent à envahir les vaisseaux sanguins(3). Si elles ne meurent pas tout de suite, les CTC relâchées dans le sang peuvent se fixer dans un autre organe et y former une métastase. Théoriquement, l’ADNtc est détectable dès les toutes premières étapes d’un cancer, quelle que soit sa localisation, de même pour les CTC dès leur passage dans le flux sanguin(3). Or, ces biomarqueurs sont présents dans le sang ou les liquides corporels en quantité infime, noyés parmi des millions de cellules et fragments d’ADN sains et leur détection n’a été rendue possible que par l’évolution des techniques d’analyse du génome qui sont de plus en plus fines avec, notamment, l’apport de la biologie moléculaire(2) et de l’Intelligence Artificielle(4).
L’intérêt de la biopsie provient justement du caractère non-invasif de cette technique, permettant ainsi des analyses, si besoin répétées dans le temps, et cela sans avoir à infliger aux patients des examens invasifs et parfois douloureux ou désagréables tel que la biopsie du tissu tumoral, l’endoscopie, la ponction, voire la chirurgie(2). Elle est particulièrement utile pour les patients fragiles ou âgés, ou lorsque la tumeur est difficilement accessible comme dans les cancers pulmonaires ou osseux(5).
Comment se déroule une biopsie liquide ?
La prise de sang doit être effectuée dans une structure de soins, généralement dans un hôpital ou une clinique. Le prélèvement comporte 2 à 6 tubes de sang et doit être acheminé rapidement et dans des conditions spécifiques vers la structure qui effectue les analyses. Les résultats sont communiqués au médecin oncologue référent sous 7 à 15 jours(2).
Une personne en bonne santé pourrait-elle faire une biopsie liquide pour savoir si elle développe un cancer ?
Actuellement, les techniques ne sont pas encore suffisamment avancées pour proposer des tests de dépistage fiables à tout le monde et pour tous les types de cancer(5). Mais les chercheurs progressent vite et le dépistage précoce des cancers est un enjeu majeur pour le futur. Selon le Pr Bidard, « les cellules tumorales circulantes (CTC) seront probablement intéressantes chez les patients à haut risque uniquement, ou dans le cas des cancers où l’on n’a aucune autre technique satisfaisante comme le cancer du pancréas ou le cancer de l’ovaire métastatique. Mais elles sont beaucoup trop rares dans le sang pour imaginer qu’elles permettent des tests de dépistage vraiment efficaces pour tout le monde ». (6)
La biopsie liquide peut-elle remplacer la biopsie classique pour affirmer un diagnostic de cancer ?
Les biopsies conventionnelles restent indispensables pour poser le diagnostic initial d’un cancer, en définir le stade et étudier l’environnement tumoral(5). En outre, certaines tumeurs, notamment cérébrales, larguent des quantités d’ADN circulant insuffisantes dans le sang pour être détectées par la biopsie liquide(5).
Finalement, aujourd’hui, la biopsie liquide ça sert à quoi ?
La biopsie liquide est actuellement utilisée pour suivre l’évolution des caractéristiques d’un cancer dans le temps et adapter les traitements.
Certains traitements, dits « ciblés », visent des anomalies spécifiques qui peuvent se modifier au cours du traitement. La recherche des mutations permet de guider le choix des traitements et de l’adapter si le cancer développe de nouvelles mutations(2).
Cette stratégie est d’ores et déjà validée et utilisée dans le cancer du poumon(2). Elle fait l’objet de protocoles de recherche clinique dans d’autres types de cancer. Des études sont en cours pour évaluer si le comptage des cellules tumorales circulantes serait un bon indicateur de l’efficacité du traitement dans les cancers du côlon, de la prostate et du sein(6).
La biopsie liquide, technique simple et non invasive, permet de suivre l’évolution des caractéristiques moléculaires de certains cancers et d’adapter les traitements.
La technologie est encore à un stade expérimental et des études de validation sont nécessaires(7). Les analyses recherchant un ADN tumoral circulant sans connaître a priori la ou les mutations à détecter ne présentent pas encore les performances requises pour en faire un outil de dépistage précoce fiable(7). Toutefois, la véritable révolution de la biopsie liquide réside dans le suivi de cancers en cours de traitement, où la nécessité de s’adapter à la composition tumorale au jour J est avérée. La biopsie liquide représente donc une étape supplémentaire vers une médecine personnalisée(7).
Références :
1. Institut Curie. Les biomarqueurs circulants, c’est quoi ? Vers une généralisation de la biopsie liquide ? 25 janvier 2018. https://curie.fr/dossier-pedagogique/vers-une-generalisation-de-la-biopsie-liquide - Site consulté le 13/11/2018.
2. Hospices civils de Lyon. Biopsie liquide. http://www.chu-lyon.fr/fr/espace-sante/biopsie-liquide - Site consulté le 01/07/2018.
3. Institut Curie. Les biomarqueurs circulants, c’est quoi ? Dossier. 25 janvier 2018. https://curie.fr/dossier-pedagogique/les-biomarqueurs-circulants-cest-quoi - Site consulté le 01/07/2018.
4. Sophia Genetics. September 13, 2017. https://www.sophiagenetics.com/news/media-mix/details/news/lintelligence-artificielle-sophia-accelere-la-lutte-contre-le-cancer-grace-aux-biopsies-liquides.html - Site consulté le 01/07/2018.
5. Institut Gustave Roussy. Biopsie liquide : une prise de sang pour un diagnostic. 7 juillet 2017. https://www.gustaveroussy.fr/fr/biopsie-liquide-une-prise-de-sang-pour-un-diagnostic - Site consulté le 01/07/2018.
6. Institut Curie. Les biomarqueurs circulants, c’est quoi ? Dépistage et pronostic : l’apport des biomarqueurs circulants. 25 janvier 2018. https://curie.fr/dossier-pedagogique/depistage-et-pronostic-lapport-des-biomarqueurs-circulants - Site consulté le 01/07/2018.
7. Jordan B. Biopsies liquides, une révolution en cancérologie ? (2015) Med Sci (Paris). 2015 Aug-Sep;31(8-9):805-7. doi: 10.1051/ medsci/20153108021
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